Dimitri Afanasenko, artiste et photographe

Dimitri Afanasenko, Dima ou Dmytro, est né en URSS, à la fin de l’époque soviétique. Il a grandi à Sébastopol, ville à l’histoire complexe, fils de scientifiques brillants et passionnés d’art, un père poète, une mère employée dans des centres pour la culture. Puis tout a changé. La « restructuration ». Il a fallu s’adapter. Entrer dans l’économie de marché, survivre aux bouleversements de l’histoire, encore. Nous imaginons mal, en Occident, à quel point la Perestroïka fut violente.

Dimitri, dans tout ça, poursuit sa formation académique, d’artiste et d’homme de lettres. École d’Art de Sébastopol. Académie d’Arts Plastiques de Lviv. Peinture monumentale, déjà, premières expositions, thèmes surréalistes, figuratifs et fauves, dans les couleurs, dans la touche, qui nous questionnent sur le réel et le rêve, notre intériorité. À 16 ans, il s’en va à Paris. Il réussit brillamment le concours d’entrée à l’École Nationale des Beaux-Arts. Dans l’atelier de Dominique Gauthier, il fait de la peinture encore, des dessins, découvre la photographie et se passionne pour les procédés anciens, l’argentique, le développement en chambre noire, alors que le numérique envahit nos pratiques. Puis il ne fait plus que photographier. « Sculpter le temps », à son tour. Ce fou de Tarkovski, nouveau romantique, mystique à sa manière, n’aura de cesse que de documenter comment l’histoire annexe la matière. Paysages, natures mortes. Peu de portraits, tant pour lui la représentation de l’humain est chose sacrée. Le livre était sa forme favorite. Livres-photos, livres-objets. Il aimait aussi les œuvres éphémères, affiches soumises aux caprices météorologiques, installations vouées à leur disparition. Nous ne sommes que des passants dans ce monde.

Jusqu’à la fin, Dima fut un témoin de son temps, qu’il questionna avec une rare acuité. Paris, Pripiat, Berlin, Kiev, Marrakech, New-York, Tokyo, Sébastopol, la Crimée… Cet exilé, soviétique, ukrainien, russe puis français, qui a choisi Paris comme ville de son déracinement, ville d’art, cosmopolite, qu’il aimait tant, nous montre, dans l’impermanence, ce qui demeure et nous invite à chercher la beauté dans chaque recoin de ce monde.

« Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or », Charles Baudelaire

Nous vous proposons de découvrir ici un aperçu de son travail photographique.